Parmi les énergies vertes, l’éolien et le solaire ont souvent été proposés comme des alternatives au nucléaire, mais l’hydroélectrique demeure l’énergie la moins carbonée et la moins médiatique. Pourtant, de récents incidents lors des vidanges de barrages dans les Pyrénées et les Alpes ont déclenché des débats parfois virulents sur l’impact environnemental de cette énergie.
L’énergie la moins carbonée après le nucléaire
L’urgence de produire de l’électricité à un moindre coût en carbone n’est plus sujette à débat. Les débats se concentrent désormais sur la meilleure manière de produire cette énergie indispensable. Le nucléaire est indéniablement la source d’énergie la moins carbonée avec 6 g d’équivalent CO2 émis par kWh, cependant d’autres inconvénients majeurs, comme l’enfouissement des déchets ou les risques d’accidents aux conséquences catastrophiques, font qu’elle divise encore beaucoup d’experts, décideurs politiques et citoyens engagés.
Toutefois, à côté des énergies renouvelables les plus connues comme l’éolien ou le solaire, existe aussi celle produite par les centrales hydrauliques. À titre de comparaison, la géothermie émet 45 g CO2e/kWh, le solaire 43 g et l’éolien 14 g tandis que l’hydraulique est à seulement 6 g CO2e/kWh, soit le même score que le nucléaire, sans les inconvénients que l’on vient d’évoquer.
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De plus, pour Anton Schleiss, professeur émérite à l’École polytechnique fédérale de Lausanne et expert en énergie hydraulique : « Un autre aspect qui rend l’hydroélectricité imbattable en termes d’efficience est le rapport entre l’énergie dépensée et celle produite sur toute la durée de vie de l’équipement.
Avec les barrages on en tire 200 à 300 fois ce qu’on y met. Pour les panneaux solaires c’est autour de 30 et les éoliennes 60. Cette différence est due au fait que les aménagements hydrauliques ont facilement une durée de vie de 80 ans. Tandis que les équipements pour l’éolien et le solaire ont une durée de vie de 20 ans. »
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Situées la plupart du temps sur des cours d’eau artificiels crées par des barrages, les centrales hydrauliques transforment l’énergie cinétique de l’eau, son mouvement, en énergie mécanique par des turbines et enfin en énergie électrique par des générateurs. En France, elle est la deuxième source de production d’électricité avec plus de 2 000 installations hydroélectriques.
Jacques Pulou, ingénieur en R&D chez France Télécom et bénévole chez France Nature Environnement spécialisé dans l’énergie hydraulique, précise que cette énergie fournit déjà 95% de ses capacités totales en France. Ce qui signifie que même en développant de nouvelles centrales sur les cours d’eau potentiellement disponibles, la France n’augmenterait sa production hydroélectrique que de 5%. Raison pour laquelle, selon lui, plutôt qu’envisager la construction de nouvelles centrales, la France devrait se concentrer sur l’amélioration de l’existant et son impact écologique global.
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Jacques Pulou précise ainsi que « même si la production hydroélectrique n’est pas émettrice de polluant, elle perturbe toutefois la libre circulation de l’eau, influençant la morphologie des cours d’eau ainsi que leur débit. Cela provoque notamment des variations de température et un rétrécissement parfois important des surfaces des cours d’eau et donc nécessairement de la quantité de poissons. » Pour lui, l’hydroélectrique a un impact indéniable sur les milieux aquatiques.
Cet impact est aussi parfois accentué lors de manœuvres techniques risquées sur les barrages comme les vidanges décennales. En 2013, en Suisse, dans le parc National des Grisons, un problème technique a provoqué un blocage de l’évacuation de l’eau du barrage conduisant à la formation d’un bouchon du fait de l’accumulation de sédiments naturels. Ceux-ci, évacués ensuite grâce à l’ouverture d’une vanne de secours garantissant la sécurité des installations, ont alors saturé les eaux en aval et provoqué la mort de milliers de poissons.
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C’est également ce qui est arrivé en juin 2022, sur le barrage de Rialet dans les Pyrénées où les fédérations de pêche de l’Aude et d’Ariège ont décidé de déposer plainte auprès de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) à la suite de la vidange du barrage qui a causé la disparition de nombreux poissons et invertébrés.
Toujours en France, en avril 2022, la vidange décennale du barrage de Pont de Baldy à Briançon dans les Hautes-Alpes s’est achevée par une accumulation imprévue de sédiments compacts qui, en se libérant, ont également saturé les eaux en aval. Là aussi, à la suite d’une plainte, l’OFB enquête afin de mesurer l’étendue de l’impact de cette vidange. Cependant, Jacques Pulou précise que dans certains endroits, les barrages construits pour produire de l’électricité ont aussi permis d’augmenter le nombre de poissons présents dans les cours d’eau.
Partageant cet avis, Anton Schleiss confirme que les lacs créés artificiellement dans les hautes montagnes ont indéniablement créé de nouveaux biotopes et finalement développé la biodiversité, créant même par endroits de nouveaux lieux de pêches : « De fait, à certains endroits la pêche a pu se développer grâce aux barrages. De plus, dans beaucoup de rivières où la migration est interrompue, les barragistes ont l’obligation de faire des élevages et augmentent le nombre de poissons qui auraient été là naturellement. »
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Mais les barrages ont d’autres vertus que celle de nous fournir une électricité à moindre coût environnemental. Michel de Vivo, directeur du Comité Français des Barrages et Réservoirs, explique que dans le passé, certaines régions françaises souffraient énormément du manque d’eau : « Avant les années 60, la Région Sud ressemblait au roman « Jean de Florette », avec des périodes de pluies diluviennes et des inondations quasiment chaque année en septembre.
Et à partir du mois de mai, il y avait des canicules et la sécheresse. On ne pouvait rien faire pousser dans cette région mis à part des figues. Il a donc été décidé de construire le barrage de Serre-Ponçon et tous les barrages en cascade jusqu’à l’étang de Berre. Le résultat est que la région est devenue riche et prospère. De plus, l’eau a permis de développer toute une biodiversité qui était inexistante. »
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Difficile pour nous d’imaginer la vie sans ces immenses réserves d’eau qui permettent l’arrosage des cultures, l’irrigation des champs et l’accès à l’eau potable. Pourtant, il y a quelques décennies à peine, cela n’était pas du tout évident. Dans ces régions, grâce à l’eau issue des lacs artificiels, l’agriculture, le tourisme, la pêche et les loisirs se sont développés.
Un exemple éloquent relaté par Michel de Vivo, est le cas des habitants du village de Savines : « Quand on a construit le barrage de Serre-Ponçon à la fin des années 50, il a fallu inonder le village de Savines. C’était douloureux pour les centaines d’habitants qu’il a fallu déloger. Mais ils ont été relogés sur les rives de ce lac artificiel avec de nouveaux bâtiments et de nouvelles activités. Au point que dans les vallées voisines qui n’avaient pas été impactées par la construction du barrage, un groupe s’est créé, les « non déplacés », qui ont réclamé pendant 20 ans d’être déplacés eux aussi ! »
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La réflexion politique et technique autour de l’énergie hydroélectrique ne peut se réduire à la question du pour ou contre. Les avantages dépassent largement les inconvénients, car même si son impact sur l’environnement est réel, il reste particulièrement faible, y compris face aux autres énergies décarbonées. Elle reste donc une énergie verte et un atout majeur pour la France, envié par nombre d’autres pays moins bien dotés.
Les gestionnaires d’infrastructures et la filière française en général pourraient toutefois être amenés à élever leurs critères en termes d’impact environnemental en raison de l’accélération du réchauffement climatique et d’une pression accrue de la population.
Des pistes d’amélioration pourraient être étudiées comme celle proposée par Jacques Pulou de la FNE avec l’augmentation des débits des cours d’eau en aval des barrages afin de permettre à la faune piscicole de se développer dans des milieux aquatiques plus grands. Une idée, aussi, pour réconcilier producteurs d’énergies et amateurs des cours d’eau.
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Avec les barrages on en tire 200 à 300 fois ce qu’on y met. Pour les panneaux solaires c’est autour de 30 et les éoliennes 60. Cette différence est due au fait que les aménagements hydrauliques ont facilement une durée de vie de 80 ans. Tandis que les équipements pour l’éolien et le solaire ont une durée de vie de 20 ans. » Pourriez vous donner vos sources car la formulation 200 à 300 fois ce qu’on y met, n’est pas très scientifique, « Ce qu’on y met » parlez vous d’énergie ? de puissance ? de CO2 ? c’est pour le moins… Lire plus »
Si on excepte l’inertie thermique de la chaleur stockée dans le volume/surface d’eau qui transforme le climat en réduisant les surfaces enneigées, le remplacement des surfaces de neige par de la roche qui accumule encore plus de chaleur ,la diminution du volume des glaces qui fournir l’eau des sources et des nappes , refroidit les masses d’air chaudes permettant ainsi à la pluie l’été ou la neige l’hiver de tomber, ainsi que le blocage des sédiments qui manquent sur nos côtes pour protéger le littoral de l’érosion des vagues et regarnir nos plages de sable, effectivement on comprend mieux pourquoi… Lire plus »
Et vous oubliez le principal inconvénient: Les lacs effraient les martiens qui du coup ne nous emmènent pas la solution miracle à tous nos ennuis.