Les élections européennes se dérouleront le 9 juin prochain. Quelles sont les propositions des candidats en matière d’énergie ? Nous avons passé au crible les programmes des principaux partis politiques pour le savoir. Et comme on peut s’y attendre, les positions divergent fortement d’une liste à l’autre.

Le programme de la liste Renaissance en matière d’énergie

La liste de la majorité est conduite par Valérie Hayer. Pour l’instant, aucun programme officiel n’a été publié pour la campagne des Européennes. Ce programme devrait néanmoins être cohérent avec la politique actuelle d’Emmanuel Macron. On peut d’ailleurs se référer au récent discours de la Sorbonne pour connaître les principales idées de la majorité en matière d’énergie notamment.

Pour rappel, lors de ce discours prononcé le 25 avril dernier, Emmanuel Macron a indiqué vouloir « construire l’Europe de l’atome » en rappelant la nécessité de produire en Europe de l’électricité décarbonée, peu importe sa source de production (nucléaire ou renouvelable). Le Président de la République a également rappelé l’importance des interconnexions qui permettent la solidarité entre les États membres en matière d’énergie. Enfin, l’Union européenne doit devenir un leader mondial d’ici 2030 dans 5 secteurs stratégiques incluant l’hydrogène, la fusion nucléaire et les petits réacteurs modulaires (SMR).

Pour l’instant, aucune nouvelle idée n’a donc été évoquée pour notre avenir énergétique au niveau européen par le parti de la majorité. La ligne de conduite devrait donc rester celle adoptée ces dernières années, à savoir à la fois la redynamisation du nucléaire et le développement des énergies renouvelables.

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La vision du Rassemblement National (RN) en matière d’énergie sur la scène européenne

Emmené par Jordan Bardella, le parti n’a pas dévoilé un véritable programme en matière d’énergie. Sur le site de campagne du parti, on note toutefois la critique de la situation actuelle qui vise à soutenir les énergies renouvelables au détriment du nucléaire et à libéraliser les concessions des barrages hydroélectriques. En outre, le RN reproche au marché européen de l’énergie d’avoir provoqué la flambée des factures d’énergie.

Jordan Bardella propose donc de « refaire de la France un paradis énergétique ». Pour cela, il s’agit de « reprendre en main notre souveraineté énergétique ». Cependant, derrière ces annonces un peu floues, aucun détail précis n’est donné à ce jour sur les moyens proposés pour les mettre en œuvre.

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La politique énergétique de la liste Place publique/PS pour les Européennes

La liste portée par Raphaël Glucksmann propose de faire une « révolution écologique ». Plusieurs points sont évoqués à ce titre :

  • Mettre en place un plan européen de rénovation thermique des bâtiments. « La sobriété est un instrument de souveraineté et même un instrument de liberté » selon le site officiel de la campagne ;
  • Développer massivement les énergies renouvelables ;
  • Mettre en place une « écologie de la production » c’est-à-dire « investir dans la réindustrialisation de l’Europe, soutenir le développement d’une industrie verte, refonder la politique agricole commune (PAC) et refuser la logique de toujours plus de libre-échange qui détruit notre planète et nos emplois » ;
  • Taxer les superprofits et les dividendes pour financer la transition énergétique.
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Les propositions d’Europe Écologie Les Verts dans le secteur énergétique pour le scrutin européen

La liste des écologistes est portée par Marie Toussaint pour les prochaines élections européennes. En matière d’énergie, les Verts souhaitent que l’Europe sorte des énergies fossiles. Pour cela, le parti propose « d’acquérir via un fonds de souveraineté écologique la majorité du capital des 6 plus grosses entreprises pétro-gazières européennes pour les mettre au service des citoyen.nes et du climat » en engageant ces entreprises vers du 100 % renouvelable.

Les Verts proposent aussi que l’Europe tende « vers 100 % d’énergies renouvelables » puisque ce serait « le seul moyen de stabiliser la facture d’énergie et de tenir nos engagements climatiques ». Le parti en appelle à une véritable souveraineté énergétique européenne qui suppose la sortie des énergies fossiles et « la fin de nos dépendances gazières et pétrolières, et aux régimes autoritaires exportateurs ».

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Les mesures proposées par la France insoumise dans le domaine de l’énergie

La liste de la France insoumise menée par Manon Aubry détaille de nombreuses mesures qui concernent le secteur de l’énergie. D’abord, elle propose un plan européen d’investissement public qui permettrait « une bifurcation écologique et sociale ». En matière d’énergie, ce plan permettrait la rénovation des logements et le développement des énergies renouvelables, du transport ferroviaire de personnes et des marchandises.

Il est également proposé de réindustrialiser et relocaliser grâce au protectionnisme national et européen. Il s’agit aussi d’encourager les produits nationaux puis européens dans les marchés publics. Le programme prend l’exemple des panneaux solaires français et européens qui seraient ainsi favorisés alors qu’ils sont aujourd’hui « laminés par le dumping asiatique ».

La France insoumise propose aussi de sortir du marché européen de l’électricité et de créer un pôle public de l’énergie. Il est également question de remettre en place les tarifs réglementés « pérennes calculés à partir des coûts de production, pour les particuliers comme pour les entreprises, les collectivités locales et la bailleurs sociaux » et y inclure des objectifs sociaux comme la gratuité des premiers kilowattheures, « garantissant le droit à l’énergie pour les usages de base ».

Le parti propose aussi de parvenir à 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2050 en sortant du nucléaire et des énergies carbonées. Les fonds européens devraient être réservés au développement de l’hydrogène vert. Il est question également de maintenir les interconnexions sur le territoire européen. Mais il souhaite aussi la mise en place d’un service public national d’électricité hors du marché. Le programme propose aussi :

  • d’atteindre la neutralité carbone en Europe d’ici 2040 (au lieu de 2050 aujourd’hui) ;
  • de rénover l’ensemble des passoires thermiques ;
  • de sortir du marché carbone et d’empêcher son extension au secteur du carburant et du chauffage des particuliers ;
  • d’instaurer une planification de la réduction des émissions grâce à des objectifs contraignants par secteur et d’augmenter l’objectif de baisse des émissions de gaz à effet de serre à au moins 70 % d’ici 2030 ;
  • de revenir à une exploitation 100 % publique des barrages hydroélectriques ;
  • de mettre en place « une coordination des investissements énergétiques par une planification publique européenne, nationale et territoriale, multi-énergies, adaptées aux potentiels des différents territoires ».
  • de développer et protéger les filières industrielles européennes nécessaires à la « bifurcation écologique » c’est-à-dire l’éolien, le solaire, les batteries, l’hydrogène, le réseau et la rénovation ;
  • de garantir que le prix payé par le consommateur final reflète les coûts de production uniquement. L’objectif est de ne pas alimenter les dividendes des actionnaires et d’orienter les marges vers l’investissement dans la qualité du réseau et le développement des énergies renouvelables ;
  • de réviser la taxonomie européenne pour en faire sortir le gaz et le nucléaire.
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Les partis qui n’ont pas dévoilé leur programme : Les Républicains et Reconquête !

À ce jour, outre le parti présidentiel dont on connaît le discours, deux partis n’ont pas communiqué leur programme. Il s’agit des Républicains et de Reconquête ! Nous n’avons donc pas de mesures claires énoncées en matière d’énergie à ce jour les concernant.

La liste des Républicains est menée par François-Xavier Bellamy. Même sans programme officiel, on sait que le parti est favorable au nucléaire et reproche à Emmanuel Macron d’avoir soutenu la fermeture de la centrale de Fessenheim.

Portée par Marion Maréchal, la liste Reconquête ! n’a pas communiqué de programme officiel et les déclarations du parti dans les médias ne concernent pas l’énergie. Pour avoir une idée de la position de cette liste, on peut se rappeler que pour les élections présidentielles de 2022, Eric Zemmour défendait le nucléaire pour l’avenir énergétique français.

Afin d’obtenir davantage de détails sur les idées de ces deux partis en matière d’énergie en vue du scrutin européen, il faudra attendre les débats entre les différents candidats à ce sujet dans les semaines à venir.