Grâce à un sol riche en lithium dans le Grand-Est et dans le Massif Central, la France pourrait bien regagner en souveraineté sur ce métal important pour la transition énergétique. Pour y parvenir, un projet de mine souterraine dans l’Allier vient d’être reconnu comme « projet d’intérêt national majeur », une nouvelle qui devrait accélérer le processus d’ouverture du site. 

Si la France n’a pas ouvert de nouvelle mine depuis une cinquantaine d’années, la situation est sur le point de changer. Un projet de mine de lithium, qui pourrait ouvrir au cœur de l’Allier, vient d’être ajouté à la liste des « projets d’intérêt national majeur ». Rendu possible par la loi industrie verte d’octobre dernier, ce statut permet notamment d’accélérer les procédures d’implantation. Ce projet, porté par la société Imerys, s’inscrit dans la ligne directrice du gouvernement qui vise la production d’environ deux millions de véhicules électrifiés par an sur le territoire national d’ici 2030. Or, cette mine devrait permettre l’extraction de 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an, soit l’équivalent de 700 000 batteries de voitures électriques, pendant 25 ans.

Pour atteindre cette production, la mine devrait être implantée sous l’actuelle carrière de Kaolin de Beauvoir. Si tout va bien, à partir de 2028, des galeries seront creusées sous terre, à une profondeur comprise entre 50 mètres et 400 mètres de profondeur. Le minerai sera ensuite traité dans une usine d’extraction à proximité directe de la mine. Le minerai obtenu sera ensuite transformé dans un atelier de chargement situé à Saint Bonnet-de-Rochefort, à une quinzaine de kilomètres de là. Enfin, le minerai obtenu sera transformé en hydroxyde de lithium dans une usine de conversion située à Montluçon. Au total, il faudra extraire 100 tonnes de minerai pour atteindre une tonne de lithium.

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Conférer à la France un atout géopolitique essentiel de la transition écologique

Cette mine, qui serait l’une des plus importantes d’Europe, pourrait devenir un atout majeur de la France en matière de transition énergétique. En effet, le lithium joue un rôle essentiel face aux enjeux de stockage de l’énergie qui accompagnent l’électrification des usages. On le retrouve dans les batteries de nos objets du quotidien, mais également des voitures électriques ou encore des batteries stationnaires (BESS). Si le lithium est présent un peu partout dans le monde, son extraction est principalement concentrée entre l’Australie (47 % de la production), l’Amérique du Sud (30 %) et la Chine (15 %). Avec cette mine, la France deviendrait un producteur de classe mondiale, capable de générer près de 25 % de la production mondiale de 2022. D’ailleurs, on ne trouve pas de lithium que dans l’Allier, puisque des projets d’extraction du précieux métal ont lieu dans le Grand-Est. La technique d’extraction y est cependant différente puisque le lithium se trouve dissous dans des saumures géothermales, c’est-à-dire des eaux souterraines salées.

Au prix d’un impact environnemental ?

Néanmoins, si l’extraction de ce lithium est une aubaine pour la transition énergétique française, elle pose question d’un point de vue environnemental. Extraire le lithium nécessite de très grandes quantités d’électricité. Selon les chiffres de l’entreprise en charge du projet, les 4 sites industriels consommeraient environ 446 GWh par an, soit la moitié de la consommation annuelle du département. Outre cette consommation électrique, le processus d’extraction nécessite énormément d’eau, à raison de 600 000 mètres cubes par an. Sur ce sujet, Imerys s’est voulue rassurante en indiquant que les nappes phréatiques ne seraient pas touchées, et que 90 % de l’eau utilisée serait recyclée. Enfin, la raffinerie, qui permet la conversion du lithium en hydroxyde de lithium, serait alimenté à partir d’une station d’épuration proche du site. Malgré ces nouvelles, à l’issue du débat public qui se tient actuellement et jusqu’au 31 juillet, Imerys devra vraisemblablement montrer patte blanche sur ses objectifs en matière de préservation de l’environnement, et apporter des études environnementales précises aux habitants locaux.

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